Apocalipstick



Apocalipstick




            Clac… Clac… Clac… Clac… Bruit des talons aiguilles vertigineusement hauts résonnant sur le bitume. Asphalte couleur carbone, tout comme le khôl ornant ses grands yeux sombres de biche traquée. Allure chaloupée et se voulant assurée. Un corps gracile, moulé dans une très synthétique robe noire, qui ondule comme poussée par une légère brise soufflant dans l’air du soir. Des gestes délicats. Raffinés. Et une cascade de boucles légères et fluides effleurant une chute de reins outrageusement dénudée. Par une chaude nuit d’été, Céleste évolue, accompagnée, dans cette rue faiblement éclairée. Comment est-elle arrivée là ? Elle ne se souvient plus très bien. Les idées légèrement floues. Juste cette tête qui tourne. Lourde. L’alcool très probablement. Ou la musique trop forte de cette boîte enfumée où elle aime se faire hypnotiser par les stromboscopes aveuglants. Sentir les basses et les beat faire vibrer chaque particule de son être. A demie-consciente, se laisser aller sur la piste, comme entrée en transe. Les yeux mi clos, donner corps à la musique, portée par l’alcool et le regard avide des mâles en rut. Les regarder de haut. Dédaigneuse. Mais crever d’envie qu’une main ferme la saisisse pour ne plus la relâcher.

            Mais pour l’heure, entre nuit et aurore, une légèreté, un bien être qui la pousse à chaque pas un peu plus vers cette chambre pourpre qui les attend. Des mains qui glissent sur son corps, une étreignant sa taille, une seconde son cou, une autre encore effleurant sa poitrine. Sourire. Regards échangés. Et puis cette moquette épaisse qui étouffe le claquement des talons. Des escaliers. Et tout au bout du couloir, une porte. La porte. A peine rentrés, les corps se dénudent et se font bestiaux. La trop légère robe noire glisse et laisse apparaître une peau diaphane parcourue par quelques frissons. Puis ils  se jettent les uns sur l’autre. A partir de cet instant, Céleste perd pied. Des étoiles plein la tête, elle se laisse entièrement aller aux désirs de ses deux compagnons de jeu. Ils la prennent, la basculent, la retournent sans ménagement aucun. Leurs mains sont comme des étaux qui étreignent trop violemment ses seins, ses reins et ses fesses. Juste pour le plaisir. Pour leur plaisir. Aucun ménagement. Petit à petit sa peau, en feu, rougit sous leurs rustres caresses et barbes exfoliantes. Elle suce, masturbe et reçoit les membres turgescents de ses deux partenaires en continue, ne sachant plus qui elle a dans la bouche ou au creux des reins. Leurs va et vient ne font d’elle qu’une poupée gonflable bien vivante mais bien moins fatigante que leurs poupées gonflantes, laissées à la maison avec les gosses et le repassage.

            Tous ses orifices sont en feu. Leurs deux sexes en elle, Céleste jouit enfin. Une jouissance des sentiments bien plus que vaginale ou clitoridienne, comme si la mascarade de ce lupanar lui donnait la sensation d’être aimée. Mais au fond d’elle-même, elle sait bien qu’à cet instant-là, aucun sentiment n’anime leurs cœurs. Tout au plus est-ce leur lubricité qui agite leurs verges bien raides de pseudos pornos stars qu’ils lui glissent partout où leurs charmantes épouses refusent. Une fois leur orgasme atteint, ils la laissent, collante et recouverte de leur foutre, sans un regard sur « the end » de ce pathétique film X. Elle reste étendue là, le sexe béant et les cuisses grandes ouvertes, sur cette moquette pourpre et tâchée, les yeux humides et fixés au plafond qui s’écaille, heureuse d’avoir eu l’illusion d‘être aimée, l’espace de quelques instants. Mais plus dure est la chute. Céleste les entend parler sans les écouter. La porte claque à nouveau et elle se retrouve seule dans cette sordide chambre d’un hôtel de passe. Elle ne leur en veut pas car elle savait bien ce qui l’attendait en venant ici.

            Ne vous y trompez pas, Céleste n’est ni une mauvaise fille, ni une fille de joie comme bon nombre de ses contemporains le croient trop souvent. Ses attitudes aguicheuses, assurées ne sont que poudre aux yeux pour mieux tromper les autres et tenter également de se mentir à elle-même. Passer pour une pute, exposer son corps à découvert, elle s’en fout car la chose est beaucoup moins risquée que de décacheter son être. Ouvrir son cœur, c’est offrir à l’Autre son âme, son Moi, lui donner à voir ses forces et ses faiblesses, lui confier la clé qui pourra nous mener au plus haut comme au plus bas. C’est prendre le risque de ne plus contrôler la situation, se sentir emporté par le flot des sentiments et perdre pieds. Et ça, elle le refuse catégoriquement car sous ses allures outrancières, Céleste mène le bal : les insultes, les regards noirs, les gestes déplacés, c’est elle, et elle seule, qui en est la responsable. Mais tomber amoureuse, c’est accepter de dépendre de l’Autre, de ses sentiments à votre égard. Aussi, de bras en bras, elle change de lits et de partenaires, s’abandonne aux plaisirs de la chair tout en veillant à conserver sous clé ses sentiments.

            Confortablement installée dans ce fauteuil de cuir et voilée par les volutes de fumée, Céleste s’amuse à dévisager ses pairs. Imaginer leur vie. Tenter de percevoir dans leur comportement ces gestes qui trahissent ce qu’ils sont au fond. Essence d’un Moi qu’ils tentent de masquer sous les rayons de lune. Regard charbon, elle cille et joue le dédain devant l’insistance d’un regard soutenu. Mais elle sent en elle cette chaleur, ce besoin de se jeter sur cet inconnu. Remplir son corps pour bourrer son cœur de ce substitut d’amour. L’attention de cet anonyme se fixe davantage face à cette mystérieuse beauté et elle jouit de fuir son regard, le faire languir pour qu’il mette un genou à terre et vienne à elle. Enfin, murmures au creux de l’oreille. Et elle les suit. Quelle peut être la vie de ce couple ordinaire ? Pourquoi ont-ils besoin d’elle dans leurs jeux ? Les réponses à ces questions lui importent finalement peu car pour l’heure, le plaisir de ce couple dépend d’elle et d’elle seule. A tout moment, elle peut partir, laisser sur le carreau leur plan cul foireux et prendre ainsi tout autant de plaisir à fuir à en perdre haleine qu’à coïter au fond de leur lit. Qu’elle aime les voir ramper à ses pieds et sentir au fond de sa gorge son pouvoir sur eux, ce « oui » ou ce « non » qu’elle dégaine quand bon lui plaît !

            Finalement, c’est bien ce sentiment là, ce contrôle du désir d’autrui qui l’a fait jouir, bien plus que de sentir en elle la queue de cet homme au ventre trop mou, ou bien le sexe humide et grand ouvert de sa femme collé sur sa bouche. Lorsqu’elle se lance à corps perdu dans ses ébats, elle sent ces bras qui l’enlacent, chaque centimètre carré de l’autre qui défile sur son corps et plus rien ne compte si ce n’est l’orgasme à venir. Jamais câline dans ces moments-là, Céleste se fait alors déesse guerrière et conquérante. Crinière défaite, elle chevauche les préjugés, crache à la face du regard des autres. Seul compte le contrôle de l‘orgasme. Toute sa sensualité semble s’être évanouie entre son fauteuil de cuir et le lit de ce couple, elle se fait bestiale, dévouée au seul plaisir du sexe. Elle ne rechigne pas à la tâche. Peu importe qui est à ses côtés, elle assume pleinement sa sexualité débridée et diversifiée. Harnachée d’une culotte-godemiché, Céleste est prête à tout : prendre cette femme sous le regard lubrique de son mari ou bien encore sodomiser cet homme pratiquant un cunnilingus sur son épouse. Plus rien ne la surprend et toute expérience entre adultes consentants est bonne à vivre. Homme ou femme, elle se donne entièrement à ses assauts primaires, offre son corps en pâture, pourvu qu’elle ait cette ivresse l’espace d’un instant.

            Non. Définitivement, non. Céleste ne voulait pas retomber en amour. La première fois avait été trop dure. Trop de sentiments, de cris silencieux et de larmes à l’intérieur. Cet homme avait été sa drogue pendant beaucoup trop longtemps et avait fait d’elle tout et n’importe quoi. Céleste l’avait scarifié dans sa chair tant et si bien qu’elle avait accepté ses abus de sexe, d’alcool et de drogue. Plus d’une fois, elle s’était retrouvée au lit avec lui et quelques amis de passages. Elle s’était prostituée pour l’entendre dire « je t’aime », tout comme elle l’avait fait pour lui fournir sa dose quotidienne de dope. Céleste aurait bien voulu vomir sur sa triste et dégradante existence de femme amoureuse. Mais quelle extase de voir son homme la prendre dans ses bras et lui murmurait cette métadone d’amour qui la faisait planer.

            Et puis un jour, tout s’est arrêté, non pas qu’elle prit conscience du sordide de son histoire qui aurait pu faire l’ouverture du vingt heures de TF1, mais son macque creva dans un coin, comme un rat halluciné et scotché par toutes ces saloperies. Tout son univers s’écroulait et Céleste se retrouvait engluée dans ses sentiments. Les mois passèrent où, sans son homme, elle dépérissait. Elle ne mangeait plus et maigrissait à vue d’œil. Désormais seule et non plus vivant à tort et à travers l‘autre, elle se terrait comme une bête recluse, les volets clos. Les yeux cernés et le cœur exsangue, Céleste buvait à en perdre la raison. Se saouler pour oublier. Elle tenta bien le mélange avec des médicaments, mais son propre corps refusait qu’elle en termine avec la vie. Elle finissait donc régulièrement la tête dans la cuvette à vomir ses entrailles et son passé.

            Céleste savait le bonheur d’aimer et d’être aimée, mais elle venait d’apprendre la douleur qui pouvait également en résulter parfois. Il fallait se reconstruire. Redonner un sens à sa vie. Une direction dont elle seule connaîtrait la destination. Elle commença à couper les ponts avec tout ce qui la rattachait à son ancienne vie, les dealers et les clients. Elle quitta la ville et s’installa ailleurs. C’est à partir de ce moment-là que Céleste décida de vivre sans attache et pour son seul plaisir, y compris sexuel. La valse des partenaires commença, mais avec elle, et seulement elle, comme chef d’orchestre. Elle reprenait les rênes d’une vie qu’elle avait trop longtemps laissée aux mains d’autrui. Aussi, aujourd’hui, assumait-elle l’image trop collante de fille facile. Céleste n’en avait que faire, car même à genou en train de sucer une queue, c’est elle qui les tenait par les couilles. Mais elle ne savait pas encore que pour la deuxième fois, elle allait souffrir…

            Lorsqu’elle se rendit à ce vernissage d’une expo photo pour laquelle elle avait servi de modèle, Céleste ne vit que lui : Charmant. Tout son être semblait s’imposer à elle et effacer ce qui l’entourait. Le regard ténébreux et pénétrant, la bouche suave, elle le dévisageait. Elle ne comprit pas qu’il fallait qu’elle se méfie, cet homme était dangereux. Mais chaque esquive de sa part semblait la pousser irrémédiablement vers lui. En le regardant, ce n’était pas la chaleur habituelle du désir qu’elle ressentait au creux des reins, mais plutôt comme un papillon qui vous chatouille le ventre et vous fait sentir étrangement bien. Elle ne savait pas encore qu’elle aurait dû fuir, prendre ses jambes à son cou pour éviter ce piège si charmant. Mais Céleste demeurait là, à le dévisager secrètement. Elle se mit à oublier ce qui l’avait amené ici et guetter la moindre de ses réactions face aux photos exposées. Était-il fasciné ou rebuté par les mêmes choses qu’elle ? Céleste suivait ses pérégrinations dans les différentes salles et s’amusait à analyser ses différentes mimiques. Aussi, bien rapidement, Céleste apprit que celui qu’elle allait considérer comme son futur malheur amateur d’art était marié depuis cinq ans. Leur conversation s’engagea très banalement puis prit rapidement une autre dimension, plus passionnée, parlant art et société. Temps pendant lequel elle ne cessa de se noyer dans son regard. L’univers s’était comme figé. Plus rien ne semblait exister autour d’eux. Pas même ces épreuves sur papier qu’ils étaient venus admirer.


            Céleste et Charmant se rencontrèrent par la suite à quelques banquets qui se voulaient mondains. La prétention des convives en faisait de véritables dîners de cons qui n’avaient d’intérêt que si l’on pouvait partager sa joie de l’absurdité de la situation avec un compagnon. Les deux compères devinrent rapidement inséparables, fustigeant ces pompeux et leur désirs égocentriques, leurs bavardages masturbatoires et psychotiques de parvenus. Charmante, et oui il y avait une madame Charmante, assistait et participait à leur discussions ironiques et acerbes sur les invités sans trop comprendre ce qui était en train de se tramer en silence. Ce n’est que le soir où son partenaire de papote fut absent, que Céleste comprit qu’elle s’était piquée le cœur avec cet horrible poison amoureux. Toutes ses pensées étaient tournées vers lui. Où était-il ? Que faisait-il ? Pourquoi n’était-il pas là ? Reviendrait-il ? Toutes ces questions s’entrechoquaient. Mais aucune réponse au bout du fil, ni même sur son répondeur. Ce n’est que lorsqu’elle entendit enfin sa voix qu’elle se remit à vivre. Il lui promit de se faire pardonner son faux bond en la conviant à boire un verre.

            Sans crier gare, leurs retrouvailles furent électriques et fougueuses tout comme leur baiser. Les pupilles dilatées, le souffle court et le cœur battant, les deux corps s’attirèrent irrémédiablement l’un contre l’autre. Les mains et les lèvres s’égarèrent un peu partout sur l’autre, comme pour ressentir de tout son être celui que l’on ait aimé. Plaqués au mur de cette chambre pourpre étoilée, les deux corps s’enlacèrent et fusionnèrent. Céleste sentit les charmantes lèvres glisser sur son cou, tout comme son souffle chaud. Elle devina contre son pubis l’excitation naissante au fond du pantalon de son partenaire et, à défaut d’y plonger la main comme à son habitude, elle pressa davantage encore son corps contre lui. L’étreinte de Charmant se fit plus forte encore, ses doigts explorant tantôt la jungle de ses cheveux défaits ou, avec un infini respect, son corps si gracile. Seuls leurs soupirs vinrent troubler le silence de cette pièce feutrée. Pourtant, le rythme cardiaque au maximum, les battements de leurs cœurs semblaient vouloir en envahir chaque coin et recoin. Essuyant d’un revers de main son compromettant rouge à lèvres bien trop vif, Céleste jeta un rapide regard dans le miroir accroché au mur et ne se reconnut pas. Elle vit le visage d’une autre, défigurée par la passion qui brûlait son âme trop longtemps anesthésiée de tout sentiment. Le visage barbouillé des vestiges de son maquillage, elle préféra fermer les yeux et couvrir Charmant de baisers apocalipstick.

*
*             *

            Après cette soirée, je compris le piège dans lequel j’étais tombée. J’étais devenue la femme de l’ombre, la femme secrète, celle que l’on aime sans officialiser. En dépit de cette situation que j’avais toujours fuie, je m’enfonçais aujourd’hui dans cette relation interdite. J’aurais voulu, tel Ulysse, verrouiller mes oreilles à grand coup de cire pour ne plus entendre le doux chant de ma sirène tétostéronée. Mais rien n’y faisait. La déraison l’emportait à chaque fois. Son regard, ses mots me dévastaient chaque fois un peu plus mais la brûlure était si agréable sur le moment. J’oubliais la douloureuse cicatrisation du manque, de l’absence et du silence, autant d’accrocs qui réveillaient la douleur et la rendaient plus vive. Docteur Jekyll à ses côtés, je devenais une sombre Miss Hyde solitaire guettant sans cesse le téléphone, ses mails, son visage au détour d’une rue. Passant le plus clair de ma journée à attendre l’absent, je me sentais au quotidien comme portée par les jambes d’une autre, l’esprit toujours ailleurs, préoccupé. Chaque geste était devenu un mouvement automatique laissant le champ libre à mes pensées courant par dessus les immeubles à la recherche de ce mâle qui rongeait mon âme. Et telle une lobotomie salvatrice, la venue de Charmant faisait fondre ma douleur comme neige au soleil.

            Ainsi, les jours se suivaient identiques entre eux, alternant euphorie de ces moments volés et dépression du vide. Je me promettais de me blinder, de tirer leçon de mes douleurs. Mais rien, rien n’y faisait. Tels des électro-aimants, des débats aux ébats, il n’y avait qu’un pas que nous franchissions allégrement à chacun de nos rendez-vous. Notre aventure fusionnelle virait désormais sexatrordinaire. Les différents matelas qui accueillaient nos plaisirs firent les frais de ces secousses telluriques qui animaient nos coups de reins passionnés. La déesse guerrière et conquérante avait rendu les armes aux pieds de son maître. Tout son être faisait voler en éclat ces barrières que j’avais tentées de dresser au fil des années. Parfois, lorsque j’étais seule au fond de mon lit, je fermais les yeux et repensais à ses mains fermes me caressant. Des mains douces, soignées mais aussi légèrement rendues rugueuses par les haltères qu’il soulevait quotidiennement.  J’aimais sa barbe de quelques jours qui picotait légèrement ma peau, surtout là où elle est la plus fine, ainsi que ses grands boucles enfantines qui lui cachaient le visage lorsqu’il me faisait l’amour. Je perdais définitivement la raison lorsque son souffle chaud courait sur ma peau et que son sexe me pénétrait enfin avec une infinie douceur. Je raffolais du goût de sa peau, légèrement sucrée, lorsque je le croquais et idolâtrais ce corps musculeux que je louais quelques heures par semaine. Mes doigts de petite fille perdue étreignaient toujours plus fort cet Autre que j’aurais tant aimé posséder. Le jour où je me surpris à lui crier « je t’aime » après avoir joui, je compris que j’étais définitivement foutue.

            Les jours s’étaient donc suivis identiques entre eux, démultipliant à l’infini la gamme de l’omniprésence de l’absent jusqu’à ce jour de mai où telle une apparition, ma vision se fit céleste, plus claire que jamais, comprenant que je courais définitivement après un mirage qui, tel les grains de sable, me filerait toujours entre les doigts. Je n’étais que l’ombre et passerais mon temps à attendre mon prince Charmant. Cet éclairage bien trop cru de mon côté sombre me renvoya quelques années en arrière, à ma première crise d’addiction à l’Autre. Je compris que la passion investie dans cette relation m’avait complètement consumée. Oubliant mon moi, je me noyais dans ses draps. Ni ses mots d’amour, ni ses étreintes ou bien encore ses attentions ne pouvaient plus me satisfaire. Toujours cet arrière goût amer du « pas assez » et de l’attente. Et pourtant, pourtant cette fusion qui me menait si haut.

            Je roulais, toutes vitres ouvertes et cheveux au vent, sur cette sinueuse route de montagne, tandis que les premiers rayons printaniers réchauffaient l’intérieur du véhicule et la musique, entêtante, envahissait tout l’habitacle. Bien que concentrée sur la chaussée, rêveuse, j’esquissai un sourire qui se maquilla soudain en un grand éclat de rire. Des larmes se mirent à perler, glissèrent lentement sur mon visage avant de s’échouer au creux des lèvres. Et pourtant, toujours ce rire franc, profond résonnant et se démultipliant à l’intérieur de la voiture. J’étais bien. Si bien. Heureuse. A cet instant même, je sus qu’il ne fallait pas que ce bonheur qui me faisait tant souffrir m’échappe à nouveau et le garder au creux de mon cœur pour toujours. J’avais tout tenté pour l’apprivoiser. Mais, entendant mes pas, même de velours, il avait toujours pris la fuite. Peut être était-ce la chamade de mon cœur qui m’avait trahie ? Aussi, aujourd’hui, je compris que je devais me faire Diane, chasseresse et qu’il n’y avait qu’une seule façon de le capturer. Dans le virage, j’accélérais, pied au plancher et m’envolais…












2 commentaires:

  1. Voilà... le ciel est sa Céleste, enfin.

    "... et tu es tombée sans fin, brisée et blanche..."

    Je ne peux qu'admirer, dès le début jusqu'à la chute.
    ...

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  2. pffff... heureusement que je tourne encore une page, là!
    (RELIRE MES FAUTES à l'"est" qui "et"!)

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