Epilogue : Je divin



Epilogue : Je divin

  
            Comme tous les matins depuis quasiment deux mois, je me lève machinalement, l’esprit encore embrumé par cette longue nuit agitée, passée à chercher un sommeil qui n’avait de cesse que de m’échapper. Les yeux rivés sur l’écran digital de mon réveil nimbant ma chambre d’une lueur bleutée, je guettais le moment où, de guerre lasse, mes paupières se baisseraient enfin, s’avouant enfin vaincues. Mais mon esprit préférait prendre le maquis pour mieux résister. Ainsi dans la salle obscure de mon cerveau, se projetaient en continue les mêmes images se répétant inlassablement. J’avais vu ce film plusieurs fois déjà. J’en avais modifié parfois quelques scènes certes. Mais je n’arrivais pas à m’en détacher. Ainsi, le sommeil désertait la zone de combat tandis que les heures défilaient, me rapprochant de l’aube salvatrice.

            En effet, aux premières lueurs du jour, je sais la fin de ce calvaire proche, enfer dont je m’extirpe sous les salvateurs jets d’eau brûlante de la douche qui achèvent de définitivement réveiller mes neurones pour la journée. Une fois les idées claires, je m’attable sur la terrasse afin de petit déjeuner face à la mer. Les rayons du soleil qui me mordillent encore timidement la peau me rappellent ainsi combien ma nuit a été longue. Vicieuse, elle m’a poussé à tourner le problème en tout sens, sans pour autant me livrer la clé salvatrice de ce jeu de dédale qui, à la longue, finit par m’épuiser. Tout me parait pourtant si clair dans mon esprit lorsque, une tasse de thé à la main, je ferme les yeux, laissant mes idées vagabonder au gré du vent. Les mots filent et se combinent les uns aux autres, jouent sans que je ne semble vraiment y prendre part. Mais, une fois close cette matinale parenthèse enchantée, l’histoire vire gris noir lorsque j’allume enfin mon ordinateur. Mon fichier word nommé « je divin » demeure désespérément vierge de tout mot. Impossible d’y déposer une phrase.

            Avez-vous déjà été confronté au syndrome de la page blanche ? Et bien, chers lecteurs, sachez que ce mal vicieux a trouvé refuge chez moi depuis plusieurs semaines déjà, rendant impossible de débuter le moindre texte. Ne croyez pas que mon imagination me fasse défaut ! Cela est bien pire que cela. Les idées sont bien présentes, elles se bousculent même et noircissent mon petit cahier Conquérant à l’intérieur duquel je griffonne ce qui devrait devenir prochainement une nouvelle. A l’écriture appliquée des débuts s’est substituée une calligraphie nerveuse, peu soignée où les ratures règnent en maître. Bref un joyeux désordre pourtant savamment organisé où tout est en place. Je sais où vous menez une nouvelle fois encore mais ma barque demeure prisonnière des flots de mon imaginaire, incapable de s’arrimer pour vous permettre d’y embarquer. A peine ai-je terminé de jeter quelques phrases bien placées sur l’écran de mon ordinateur que l’envie de tout supprimer prend le dessus, rendant sa virginité à ce fichier informatique défloré par mes mots.

            Mille façons de commencer s’offrent à moi mais cette incapacité à trancher paralyse mon écriture. Alors, je laisse de côté ce texte en espérant qu’enfin, au détour d’une pensée, surgisse la bonne idée qui saura me tirer de ce mauvais pas en me donnant le point d’ancrage de ce récit en devenir. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, je cherche mon remède salvateur dans l’oublie que ce soit en vidant mon esprit au rythme de mes foulées joggeuses au bord de mer ou en écumant les expositions d’art. J’attends patiemment qu’un souffle léger attise à nouveau mon imaginaire généralement si fécond et me rende à nouveau prolixe. En désespoir de cause, j’ai même tenté de brûler quelques cierges, tout en priant sainte Rita, me retournant vers ce Dieu que j’imite en créant mon univers dans le néant, et dont ma foi s’est pourtant détournée. Mais l’évidence se fait toujours aussi cruelle face au marasme qui me colle à l’esprit lorsque, l’estomac noué par mon infirmité, je me glisse à nouveau face à mon écran : le vide le plus total semble avoir élu domicile au creux de mes lobes temporaux.

            Tel un camé, j’aurais voulu me faire encore une ligne pour ressentir l’ivresse de cet instant fragile où tout bascule, ce moment où l’esprit s’emballe et libère le flot de ses pensées. Rien ne m‘anime plus que cette excitation où la main molle, hésitante des débuts, se fait tonique. Elle sait que l’inspiration est au rendez-vous, qu’il lui est impossible de la décevoir et pour cela, se doit de suivre sans broncher le rythme de la mise en mots. La compétition est rude entre le cerveau et la main car l’écriveur est parfois sur le fil du rasoir, laissant s’échapper le bon mot dans le flot des phrases tapées, lorsque la pensée se fait plus rapide que le membre. Aussi, se doit-il de s’entraîner à affuter l’agilité de ses doigts afin de finir sans encombre le dur marathon de l’écriture d’un roman. Suffisamment entrainés, ces derniers peuvent ainsi amorcer un tango sensuel sur les touches du clavier, sautant d’un « a » à un « m » d’une manière énergique, vive, afin de voir naître sur l’écran digital d’un ordinateur, ces personnages numériques, aspirant à devenir papier. A ce moment-là, rien ne semble plus pouvoir arrêter cette divine écriture née d‘une nébuleuse d‘idées et de sensations jusqu‘alors blotties bien au chaud au fond de ma matière grise.

            L’espace de quelques heures, je me délecte du pouvoir immense qu’il m’est conféré, laissant de côté modestie et humilité pour mieux me glisser dans le large costume du vieux barbu. Mais là où ce dernier n’a mis que sept jours, force est de constater qu’il me faudra bien plus de temps et d’énergie pour accoucher de ma Création. Le travail est long, astreignant mais quelle extraordinaire sensation que de façonner un univers peuplé de personnages dont je suis le seul Dieu et qui pourtant ignorent tout de l’existence de cette divinité génitrice. Tout comme le Créateur, après leur avoir insufflé la vie, je les regarde grandir et évoluer au fil de la lecture du liseur, mes personnages semblant alors m’échapper et prendre vie bien au-delà de moi. Bien que dieu d’amour avec chacun d’entre eux, même si j’aime les confronter aux côtés les plus obscurs de l’être humain, ces derniers sont soumis également aux méfaits de mon courroux lorsque la direction semble mauvaise, mes rares suppressions de texte comme le Déluge de mon illustre pair, noyant sa création sous les eaux colériques.



            Cependant, je ne suis qu’une anamorphose de ce Dieu car, en dépit de notre gémellité créative, il est une différence essentielle entre le Tout-Puissant et moi-même. En effet, ce dernier a la chance de ne pas connaître la concurrence, ce qui est loin d’être mon cas. Entre les heureux Elus et les auteurs anonymes aspirants à le devenir, la compétition est rude dans le monde de l‘édition. Tout le monde y va de son blog, sa publication à compte d’auteur afin de satisfaire ce besoin d’être lu. La plongée dans ces eaux peut être oppressante face à la qualité des pairs ou autosuffisante dans un éloge masturbatoire de son propre talent. Aussi, je préfère me couper de cette Intelligentsia et profite de l’instant de répit où, seul dans mon trois pièces, je peux beugler ces maux pour en juger la musicalité. Je combine alors les mots comme une partition jusqu’à ce que mon oreille soit satisfaite. Ne voyez en cela nulle prétention flaubertienne, tout au plus une exigence à votre égard. Je ne suis ni Stendhal, ni Hugo. Je ne suis pas non plus faiseur de kilomètres de lignes se déliant à l’infini. Alors, que me reste-t-il si ce n’est essayé de faire naître en votre for intérieur ce fragile moment de grâce où l’émotion éclot.

            Voilà pourquoi aujourd’hui, j’ai mis les voiles pour goûter à ce besoin de me ressourcer en allant chercher la solitude en mer. Les deux pieds rivés au sol, je végète dans cet univers extatique devenu bien trop statique où rien ne semble vouloir relancer le manège en dépit de mon agitation. Je creuse, je fouille ces anciennes entrailles nourricières que je sais encore fertiles. L’eau, même salée, m’aidera probablement à faire germer à nouveau cette prose.  À peine embarqué, qu’il est doux de larguer les amarres pour regarder la côte s’éloigner, se faire lilliputienne, tout comme cet esprit terrestre figé dans le blanc de la page.  L’œil aux aguets, je navigue à la recherche du lieu propice à ma méditation. Lorsque la chose est faite, je laisse filer l’ancre pour stopper ma fuite en avant et m’installe confortablement sur le pont de cette coquille de noix que j’affectionne. Je délasse mes chaussures et m’étends sur le dos. Les yeux clos, je me laisse bercer par le doux roulis des vagues, le souffle léger du vent dans les voiles, le chant nasillard des mouettes et me concentre sur ma respiration que je fais calme, ample, paisible. Chaque inspiration agrippe fermement ce stress paralysant me menant la vie dure et dont chaque expiration me libère en le rejetant de mon organisme. Mon corps entier alors se relâche, poupée de chiffons molle, abandonnée et arrachée à ses toxiques tourments littéraires. Je me laisse aller…

            C’est le froid qui me tira de ma séance de méditation. Je frissonnais tandis que la mer moutonnait. Combien de temps m’étais-je déconnecté d’ici-bas ? Une demie heure ? Une heure peut être même.  Suffisamment en tout cas pour que le temps vire à l’orage. L’espace de ma douce indolence, l’azur du ciel s’était mu en gris anthracite, la bise légère devenue bourrasque charriant son cortège de nuages menaçants. Le vent rageur quant à lui jouait de mes voiles prêtes à rompre sous la violence de ses assauts. Je me levais prestement mais tombais à genou sous l’effet de la houle. Il me fallait lever l’ancre pour rentrer au port avant que la tempête ne fasse rage. A la barre de mon bateau, j’affrontais la pluie qui me fouettait le visage, les bras endoloris par la résistance que m’offraient les éléments. Ma pause paisible était loin derrière. Oubliée. Plus rien ne comptait plus que d’arriver sain et sauf. La mer peut être cruelle parfois et je ne le savais que trop bien. La rage et la peur aux tripes, je me rendait bien compte que je ne pourrais pas aller bien loin, perdu entre le creux des vagues de plus en plus imposantes. J’avisais la plage toute proche, et mis le cap droit devant pour l’atteindre.

            Fourbu par l’effort, je mis enfin pied à terre et tirais le plus loin possible du rivage mon embarcation avant de l’arrimer à un des nombreux rochers longeant la côte. Je dus m’y reprendre à plusieurs fois, puisant dans mes bras et mes cuisses la force nécessaire pour hisser ce poids mort. La fatigue, les doigts ampoulés et réfrigérés auraient pu avoir raison de moi, mais ma détermination était grande. En effet, en pareille circonstance, le corps est capable d’aller chercher une puissance jusque-là ignorée. Ainsi, au prix de nombreux efforts, la coque du bateau se mit à crisser et avancer sous les érodant galets qui me furent une aide précieuse, roulant les uns contre les autres. A bout de souffle, je m’assis sur le rocher devenu bitte d’amarrage de fortune et restais là, face à la mer, captivait par le spectacle fantastique que m’offrait Dame Nature. Ce dégradé de gris scarifié par les éclairs me faisait oublier mes péripéties maritimes et la morsure glaciale de la pluie s’insinuant sous mes vêtements. J’étais une éponge, gorgée d’eau et d’images, grelottante et loin de tout. Je ne pouvais pas reprendre la mer, ni même me résoudre à abandonner mon navire et rentrer par le sentier du littoral. La solution, pourtant évidente, me crevait les yeux : le phare du cap sur lequel je venais de m’échouer m’offrirait, l’espace de quelques heures, un abri providentiel.

            C’était un phare majestueusement sobre fendant le paysage comme un trait d’union entre un ici-bas soumis à ce là-haut furieux. À travers le rideau de pluie, je l’examinais tout au long de ma périlleuse avancée entre les rochers glissants sur lesquels je dérapais parfois, me rétablissant in extremis avant la chute. C’est en arrivant sur le perron que je remarquais toutes ses cicatrices, les murs cylindriques couverts de lichen portant les stigmates des attaques inlassables de ces avides embruns mangeurs de pierres, et poussais la modeste porte de bois vermoulu. Le verrou n’était pas fermé, un peu comme si mon inopinée venue avait été annoncée. Je pénétrais silencieusement à l’intérieur. Il faisait froid et humide, le vent se faufilant par la porte entrebâillée et nul gardien à l’horizon. À présent, que faire ? Je n’avais nullement l’intention de rester là les bras croisés, à attendre une accalmie, sans pouvoir profiter de la vue fantastique que devait offrir le sommet du phare. La main sur la rampe, j’entrepris alors la lente ascension de cet escalier en colimaçon. Une, deux, trois, je comptais les marches gravies. Je m’arrêtais arrivé à cent-dix, bien plus excité par ce qui m’attendait là-haut que par mon enfantine comptine numérique.

            J’étais au cœur de la tempête, cerné de toute part par les grondements sourds et rageurs du tonnerre déchirant l’épais manteau de plomb des cumulonimbus tandis que l’orage et les rafales fouettaient violemment les vitres de mon refuge. En contrebas, ma mer moutonneuse était à présent démontée, secouant comme dans le tambour d’une machine les quelques bateaux perdus sur ses flots qu’elle semblait vouloir engloutir. Au dehors, cette tempête faisant rage semblait avoir calmé celle de mon cerveau, me libérant de ma léthargie intellectuelle. L’envie d’écrire, de happer ces mots surgissant en vagues, se faisait impérieuse. Cependant, quelque chose clochait. Un je-ne-sais-quoi indéfinissable. Et l’étincelle jaillit de l’absence de lueur ! Le système optique du phare n’était pas éclairé. Je me dirigeais vers la lanterne, inquiet pour tous ces bateaux qui pourraient se fracasser sur les rochers, en contrebas de mon abri. La source lumineuse et le prisme était en place, et pourtant, pourquoi cela ne fonctionnait-il pas ? Où était le gardien ? Pourquoi n’avait-il pas activé le phare ?

            Les questions me venaient à foison lorsque mon attention fut captivée par le jeu de mon reflet dans la lentille du système optique. C’était une lentille de Fresnel, reconnaissable à ses découpes en sections annulaires concentriques, rendant la surface non plus lisse mais composée d’une alternance de discontinuités et de surfaces de même courbure. Mon reflet se démultipliait en une infinité de visages qui n’étaient pas le mien. Je sursautais et fis volte-face. Je n’étais plus seul désormais au sommet de mon phare. Une vingtaine de personnes m’avaient rejoint en silence, sans que je m’en aperçoive. Partagé entre inquiétude et étonnement, je les dévisageais sans comprendre ce qui se passait. A mon « qui êtes-vous ? », l’un d’entre eux me rétorqua un « Ne nous reconnais-tu pas ? ». Je les scrutais un peu plus, cherchant à tisser un lien entre eux et moi. Il y avait des hommes et des femmes, des trentenaires et des personnes âgées, issus apparemment de milieu différents, un junkie et même un prêtre. J’avais cependant l’étrange sensation de connaître ces visages inconnus. Cela n’était absolument pas rationnel, et je dus leur avouer, tout penaud, mon incapacité à dire qui ils étaient et où j’avais pu les rencontrer.


            Ils auraient pu se formaliser d’un tel affront de ma part, mais ils esquissèrent plutôt un discret sourire, ni moqueur ou agacé, mais signifiant plutôt « nous nous y attendions un peu ». L’une d’entre eux fit quelques pas vers moi et planta son doux regard dans le mien et susurra d’une voix grave :
_ Je suis Céleste.
_ Et moi Enguerrand.
Dita, Lucie, Marc, Eléa, Ilan, la litanie des saints se poursuivit dans un silence quasi religieux tandis que les larmes noyaient mes yeux. Face à moi, ils étaient tous là, ces personnages que j’avais créés au fil des mois, ces multiples pièces de Légo que je m’amusais à combiner à l’infini. Une main saisit la mienne pour me réconforter. C’était le jeune paysan. Ma vision se brouilla davantage tandis qu’une douce enveloppe de mains et de bras m‘enlaçait, me réchauffant bien plus que n’importe quel feu de bois n’aurait pu le faire. Nous n’étions plus qu’une masse vivante, les corps serrés les uns contre les autres, faisant fi des différences de sexe, de religion, de milieu social, un ensemble mû par la même émotion.

            Le moment incongru, irréaliste, tourmentait ma cartésienne raison de « pourquoi » interrogateurs, mais plus que tout, je désirais vivre le carpe diem de l’instant afin de me noyer dans la diversité de ma Création. Jusqu’alors, ils n’avaient été que des noms, des émotions vives données à lire et aujourd’hui, leur réalité brûlait d’une émotion intense des souvenirs d‘écriture. Je me plongeais alors dans le regard de chacun, touchant leurs peaux si différentes et humant leur parfum allant du sucré à l‘écœurement, afin de les écouter se raconter. Mais telle n’était pas leur intention…
            _ Nous ne sommes pas venus pour te parler de nous car cela reviendrait à converser de toi. Et parler de toi, c’est un peu nous raconter également. Nous sommes à l’image du système optique de ce phare. Tu es la lentille et nous les multiples surfaces découpées qui la composent. En pensant mettre en mots ceux qui t’entourent, tu écris finalement sur ce qui t’émeut et n’offres en fait qu’une vision kaléidoscopée de toi. Nous, tes personnages, sommes comme autant de facettes de ta personnalité, ces multiples visages différents que l’on offre à sa femme ou son mari, ses enfants, ses proches, ses amis, ses connaissances, ses relations de travail, ces inconnus croisés dans la rue.
            Si nous sommes ici, c’est pour te parler de ce qui t‘effraie. Nous savons la peur du vide qui s’annonce à toi avec la fin de l’écriture de ton jeu de construction, le saut vers l’inconnu que suppose de jeter en pâture tes écrits. Jusqu’à présent, la construction s’est érigée progressivement sous ton seul contrôle, cimentant chaque pièce emboîtée de ce jeu de l‘ego avec un peu de toi. Mais l’heure est venue de l’achever et d‘affronter les éléments extérieurs. Nous ne te faisons aucune promesse irréaliste quand à cet après qui paralyse ta prose depuis deux mois, mais sache qu’il ne tient qu’à toi de mettre un point final et heureux à cette aventure.
      
       

            Cela ne signifie pas que nous nous abandonnerons les uns et l’autre car nous vivons en toi comme en chacun. Aussi, aujourd’hui, peu importe l’issue. Que ce soit sur les rayonnages des libraires ou la seule étagère de ta bibliothèque, le saut dans la lumière vaut la peine. Fais-nous confiance et éclaire ce phare en berne pour lui donner enfin tout son sens.

            J’avançais timidement la main vers cet interrupteur que je me désignais à moi-même et appuyais. Une lumière vive et aveuglante jaillit, me forçant à fermer les yeux, et me fit trébucher en reculant. Le choc sur la tête me réveilla en sursaut. J’étais attablé sur ma terrasse, le phare en ligne de mire, noyé dans un hypnotique bleu Klein. Et là où ma main était posée quelques instants plus tôt, se trouvait un manuscrit enfin achevé. « Lego ». Je souris sans même chercher à comprendre le miracle de l’écriture de cet obsédant épilogue. Mon divin jeu de rôle s’achevait, tandis qu’éclataient à mes côtés des rires enfantins aux senteurs de lilas et de rose.
 






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